La spécialisation et la tenue d'une comptabilité font partie des conseils récurrents que les parieurs gagnants adressent à leurs followers. En témoignent par exemple ce thread de Captain Bet sur Twitter, ou encore ces articles de Gui consacrés à la spécialisation ainsi qu'aux erreurs à éviter quand on parie sur le sport.
Si vous êtes un parieur averti et aguerri, l'article qui suit ne vous apprendra donc rien. Tout au plus fera-t-il office de piqûre de rappel si vous avez du mal à respecter vos résolutions. Si en revanche vous avez plutôt le sentiment d'être un parieur récréatif, alors mon exemple vous convaincra peut-être de vous astreindre à cette tâche fastidieuse que représente la tenue d'un bilan régulier de vos paris.
Un parieur récréatif, c'est ce que je suis aussi. Je parie pour le plaisir avant tout, notamment en apportant un peu de piment aux compétitions que je suis. Cette pratique doit-elle se traduire par un gain financier pour procurer le plaisir en question ? Dans mon cas la réponse a longtemps été négative. Et puis je me suis lassé, j'ai arrêté de parier et j'ai fini par y revenir quelques mois plus tard avec la volonté de m'astreindre à une certaine discipline.
Certains d'entre vous se souviennent peut-être du podcast du Bar des Sports. À l'époque, le casting de l'émission était principalement composé de spécialistes de foot, de basket et de tennis. Comme nous manquions de voix pour évoquer des disciplines plus exotiques, je me suis dévoué : parfois en abordant des sports que je connaissais bien (le cyclisme en compagnie de Tamerlan), et d'autres fois en évoquant des disciplines que je connaissais un peu moins bien (le biathlon) voire très mal. La NFL faisait précisément partie de ces sports. Avec le recul, je peux dire que je n'avais pas visionné assez de matchs, écouté assez de podcasts et lu suffisamment d'articles pour m'exprimer de façon éclairée et éclairante sur cette discipline.
Trois années se sont écoulées et j'ai continué de parier par intermittence : avec une relative réussite sur le cyclisme, et surtout avec beaucoup moins de succès sur tous les autres sports sans la moindre exception. Dans le même temps, je me suis progressivement passionné pour la NFL, au point de ne rater aucune journée et d'engloutir un maximum d'informations chaque semaine sur les équipes, leurs joueurs et leurs caractéristiques.
La spécialisation selon Gui
Pour être efficace, il faut analyser et travailler son pari. Selon votre degré d'implication, cette phase peut prendre entre 15 et 60 minutes par match, selon le sport, afin d'analyser toutes les variables d'une rencontre. Et si c'est un sport collectif, la démarche est évidemment plus longue que pour un sport individuel.
L'an dernier, j'ai pour la première fois pu tirer les fruits de ces nouvelles habitudes. Auparavant je dégageais des profits lors des grands événements de la saison cycliste, puis je les dilapidais progressivement en pariant sur le football et d'autres sports. Mais dorénavant je dégageais des profits lors des soirées de NFL en plus du cyclisme... tout en continuant de m'en délester sur les autres sports. Finalement, il n'y avait pas grand chose qui avait changé...
Le vrai tournant est intervenu un peu plus tard, quand je me suis enfin décidé à ouvrir un compte sur Bet Analytix. (c'est par ici et c'est gratuit). À l'époque, je ne souhaitais pas particulièrement optimiser mes gains ou réduire mes pertes. Je voulais simplement vérifier à quel point mes intuitions étaient exactes. Étais-je vraiment gagnant sur le biathlon ? Qu'en était-il exactement de mes résultats sur la NFL ?
J'ai donc consacré plusieurs heures au transfert de mes informations sur la plateforme (paris placés, cotes, montants, résultats...). Un investissement en temps qui n'a pas été vain puisque cette comptabilité m'a apporté des réponses allant au-delà de mes espérances.
La comptabilité des paris selon Gui
Cela peut paraître anodin, mais il est vraiment nécessaire de tenir un bilan régulier de ses paris pour identifier ses forces et ses faiblesses, comme par exemple une discipline ou un championnat sur lesquels on serait moins performant. Dans quel but ? Tout simplement ne garder que le meilleur et augmenter son pourcentage de réussite.
Cette formalité peut certes s'avérer fastidieuse, au moins au début, mais vous constaterez à l'usage que vos erreurs seront moins fréquentes et vos bénéfices plus élevés !
Premier enseignement livré par Bet-Analytix : je n'étais pas du tout gagnant sur le biathlon. J'étais même plutôt perdant. Ou si vous préférez, complètement perdant. J'ai donc décidé de prendre une première résolution sur la base de ce constat : ne plus parier sur le biathlon. Et pendant que j'y étais, ne plus parier sur autre chose que le cyclisme ou la NFL. Autant vous dire que ce n'est pas facile. Cela représente même un combat de tous les instants. Surtout quand on sait que la saison de foot US ne se déroule que de septembre à janvier, et que celle de cyclisme ne compte quant à elle qu'un nombre limité de courses dignes d'intérêt en terme de betting.
Mais venons-en justement à la NFL car c'est bien là le sujet le plus intéressant. Mon sentiment a toujours été d'être un parieur gagnant sur le football américain. Sur ce plan, Bet-Analytix m'a conforté dans mon impression puisque le recours à quelques filtres m'a permis d'établir que mon ROI (retour sur investissement) se situait autour de 15 %. Autrement dit je récupérais en moyenne 115 € à chaque fois que j'en misais 100.
Néanmoins ce chiffre ne m'a pas particulièrement donné le sourire : en toute honnêteté je m'attendais à mieux. J'ai donc décidé d'approfondir mon examen, et cette fois de limiter le spectre aux bets touchdowns. Un bet touchdown, c'est l'équivalent pour la NFL d'un pari buteur sur le foot. C'est aussi mon péché mignon. Sans faire le tour des bookmakers, je me suis vite rendu compte que les cotes sont souvent mal ajustées. C'est non seulement le cas sur le .com, mais ça l'est encore à plus forte raison sur le .fr où il n'est pas rare de trouver des aberrations. Ou pour dire les choses autrement, de généreuses values. Quelques exemples en vrac :
- 5 novembre : Pour affronter les Packers, les 49ers sont privés de l'essentiel de leur puissance de feu offensive : leur tight end star George Kittle, leurs running backs Mostert et Wilson, et par dessus le marché leurs wide receivers titulaires que sont Deebo Samuel, Brandon Aiyuk et Kendrick Bourne. Dans ces conditions, Richie James semble promis à un gros match mais sa cote de touchdown sur Winamax reste fixée à 15 (là où elle devrait probablement osciller entre 3 et 4). L'habituel retourneur de coup de pied est finalement propulsé WR1 et réalise la meilleure performance de sa carrière : 9 réceptions (3 fois plus que n'importe quel autre joueur de l'équipe), 184 yards et... un touchdown.
- 20 décembre : Avant de se mesurer aux Panthers, les Dolphins sont privés de leur running back principal Myles Gaskin qui est placé en protocole Covid. Matt Breida sort lui de ce protocole mais il n'est utilisé qu'avec parcimonie par le coach. PokerStars attribue donc une cote de 2,40 à Washington, considéré à tort comme le RB1 sur ce match. C'est oublier un peu vite que Salvon Ahmed revient de blessure et vient de s'entraîner pour la première fois sans chasuble No Contact. Même pour une équipe dont le jeu repose peu sur la course, le touchdown à 9,50 qui lui est attribué à la sortie des cotes sur PokerStars n'a aucun sens. Et pourtant il faudra attendre près de 24h pour que cette cote soit corrigée en dessous de 3. Ahmed, lui, finit le match avec 23 porters pour 122 yards et un touchdown.
- 27 décembre : Au regard de ses caractéristiques physiques (188cm, 97kg), Laquon Treadwell fait partie des options privilégiées par les Falcons quand, et seulement quand, deux conditions sont réunies : ils approchent de l'en-but et certains de leurs receveurs stars sont absents. C'est justement le cas lors de ce match face aux Chiefs. Comme deux semaines plus tôt, Treadwell ne dépasse pas les deux réceptions mais score son touchdown. La cote était à 18 sur Winamax. Ne me demandez pas pourquoi.
- 3 janvier : En totale perte de confiance chez les 49ers, Dante Pettis a disputé son dernier match à San Francisco le 1er novembre. Depuis, il cire le banc des Giants où il a été transféré. Lors de l'avant-dernière journée, le coach lui accorde une première fois sa confiance sur quelques plays et Pettis se montre à la hauteur. Une semaine plus tard face aux Cowboys, les possibilités qu'il offre en terme de jeu long doivent lui valoir quelques opportunités. Et ce d'autant plus qu'il s'agit de la dernière occasion pour le coach de le voir à l'œuvre avant l'intersaison. Pettis saisit sa chance avec un touchdown pour une cote à 9.

- 16 janvier : Les Rams sont privés de Cooper Kupp pour affronter Green Bay. La cote de Van Jefferson est donc ajustée à 5 sur PokerStars. Sur Winamax en revanche elle reste fixée à 10. Difficile de faire l'impasse pour ce joueur peu utilisé mais qui a montré de belles choses. Il totalisera finalement six réceptions (son record de la saison) et un touchdown.
- Parfois il n'est même pas nécessaire d'attendre le début du match pour dégager un profit. Le 3 janvier, branle-bas de combat chez les Saints qui sont privés d'Alvin Kamara et de tous leurs autres running backs pour cause de Covid. Tous ? Non, le petit Montgomery se débarrasse exceptionnellement de son statut de 5e roue du carrosse pour palier à toutes ces absences. PokerStars s'en rend compte un peu trop tard puisque la cote du touchdown reste durant plusieurs minutes disponible à 13,50. Heureusement pour PS, les limites de mises sont très basses pour des cotes élevées.
- Même topo dans une moindre mesure une semaine plus tard. La cote de Ryan Tannehill sort à 7,50 alors qu'il a scoré lors des trois matchs précédents (dont deux doublés). Encore une fois, il suffit de miser le maximum et de patienter quelques minutes pour que le bookmaker ajuste sa cote à 3 et propose un cash out avec une value significative. Quelques secondes en l'occurrence puisque le bet est validé à 14h27 et cashout à 14h28.
J'aurais pu continuer la liste un moment, mais comme vous l'imaginez tout ne se passe pas toujours aussi bien. Ce format s'accompagne d'une certaine variance et il n'est pas rare d'enchaîner 7, 8 ou même 12 paris perdants avant de faire mouche. En moyenne, mes bets touchdowns gagnent un peu moins d'une fois sur trois. Mais avec une cote moyenne supérieure à 7, le compte y est bien.
Bet-Analytix indique ainsi que mon ROI est de 53 % sur un (faible) échantillon de 200 paris. Autrement dit, je récupère en moyenne 153 € à chaque fois que j'en mise 100. Un chiffre satisfaisant, mais dont il faut reconnaître qu'il appelle un certain nombre de commentaires :
- Tout d'abord, n'y voyez pas un brag. Comme je le disais en préambule, une bonne partie de l'argent gagné sur ces bets touchdowns a été perdu sur d'autres disciplines. Par ailleurs, le montant moyen de mes mises est resté assez bas car je voyais avant tout cette saison comme un laboratoire.
- Surtout, le sample reste très limité et je ne m'attends pas à maintenir ce ROI aussi haut sur la durée, a fortiori lors d'une saison sans Covid. Au cas où ce n'était pas clair, un certain nombre des grosses cotes validées cette saison étaient le fruit d'absences mal prises en compte par les bookmakers. Les saisons à venir devraient, dans ce domaine, offrir un peu moins d'opportunités.
- Et enfin, ce qui est probablement le plus important, si mon ROI atteint (provisoirement) 53 % sur les bets touchdowns mais plafonne à 15 % pour l'ensemble de mes bets NFL, c'est bien que je suis perdant sur les paris hors touchdowns (avec un échantillon cette fois suffisant pour en tirer des conclusions). Une seconde résolution s'impose donc d'elle-même : au revoir les bets sur les résultats et les spreads, ou encore les combinés de toutes sortes.

Dans un premier temps, mon analyse s'arrête là et c'est déjà pas mal. En me convainquant de ne miser que sur la NFL, mon bilan sur Bet-Analytix m'a permis de passer du statut de parieur perdant à celui de gagnant avec un ROI d'environ 15 %. Et en me donnant la conviction que mon salut passait avant tout par les touchdowns, ma comptabilité m'a même permis d'augmenter ma rentabilité à hauteur de 53 %. En tout cas sur le plan théorique, et en attendant une confirmation (ou une infirmation) lors des prochaines saisons.
Mais en partageant ponctuellement mes tuyaux avec mes amis, j'ai par la suite fait un constat étrange : mon taux de réussite n'avait pas l'air bien plus élevé avec les cotes basses qu'avec les cotes élevées. Il m'est donc venu l'idée d'examiner mes résultats en limitant le spectre aux paris sur des cotes supérieures à 5. Le sample est évidemment encore plus mince (83 paris) et il serait très mal venu en tirer des conclusions hâtives, mais la vérification n'en demeure pas moins intéressante : mon ROI sur ces cotes élevées bondit à hauteur de 93 %, avec un taux de réussite de 20 % pour une cote moyenne de 11.
Bien que très partielle, cette donnée confirme encore deux de mes impressions :
- La variance est élevée et je me suis retrouvé du bon côté cette saison. Parier sur un touchdown, ce n'est pas avoir la conviction qu'un joueur va scorer : c'est estimer qu'il sera ciblé par son quarterback (et a fortiori à proximité de l'en-but) bien plus souvent que ce que le bookmaker évalue à travers sa cote. Le travail s'arrête là, et le reste dépend beaucoup de la chance. La course de votre running-back sera parfois stoppée à un yard de la ligne, et votre receveur sera de temps en temps privé de son touchdown par une "pass interference". Dans mon cas et lors de la saison écoulée, je dois reconnaître que ces situations ne se sont pas produites aussi souvent qu'elles auraient pu.
- En NFL les cotes sont souvent bien ajustées pour les titulaires de chaque équipe, mais régulièrement très loin du compte pour les joueurs situés plus bas dans la hiérarchie. Les bookmakers concernés (dans le cas présent PokerStars, Winamax, Unibet et Betclic) n'ont pas à s'en faire pour autant. Comme j'ai pu le constater depuis que Winamax indique le pourcentage de mises recueillies par chaque sélection, les parieurs s'orientent très massivement vers les noms les plus ronflants, et ce indépendamment des statistiques et des perspectives de value inexistantes. Moi-même, en début de saison, j'ai ponctuellement cédé à la facilité de parier sur la base d'une intuition plutôt que d'une véritable analyse. Après avoir corrigé le tir au fil des rencontres, j'ai pu constater que mon bilan chiffré s'améliorait de façon significative. Progresser, c'est aussi savoir examiner ses paris a posteriori et éventuellement les remettre en cause.
Rendez-vous dans un an pour un bilan affiné ?
Voilà donc, dans les grandes lignes, comment la tenue d'un bilan m'a permis d'affiner avantageusement ma stratégie de paris et de me diriger vers la voie de l'ultra-spécialisation. Dorénavant, je m'efforcerai de patienter jusqu'à la reprise de la saison sans multiplier les paris dans d'autres disciplines que le cyclisme. Puis quand viendra enfin le retour de la NFL, je partagerai peut-être mes paris non pas après coup comme je le fais aujourd'hui, mais bien avant les rencontres. Pas dans une démarche de tipster, mais avec la volonté de faire de ce suivi public un instrument supplémentaire de ma progression (ou pas). On en reparle d'ici septembre !