Isabelle Falque-Pierrotin, la président de l'ANJ, avait donné le ton lors de son intervention devant la Commission des finances du Sénat : en 2023, le régulateur entend user de toutes ses prérogatives pour limiter la pression publicitaire exercée par les opérateurs de jeux d'argent. Et même proposer aux pouvoirs publics "des mesures complémentaires" si d'aventure elle estimait le cadre réglementaire actuel insuffisant pour atteindre ses objectifs.
À l'heure d'examiner les stratégies promotionnelles des opérateurs pour l'année à venir, certains points de vigilance étaient donc déjà connus :
- le recours de plus en plus important à des influenceurs disposant d'une large audience auprès d'un jeune public ;
- et "une augmentation significative du recours au sponsoring sportif", lui aussi jugé problématique en terme d'exposition aux mineurs.
L'examen des stratégies promotionnelles a permis au régulateur d'identifier d'autres points de vigilance pour les prochains mois :
- Le maintien des investissements promotionnels à un niveau élevé, avec un budget global estimé à 630 millions d'euros qui représente une hausse de 6 % par rapport à l'exercice écoulé. Et en point de mire un pic important lors de la Coupe du monde de rugby.
- Une part significative des investissements (59 %) encore consacrée aux gratifications financières attribuées aux joueurs.
- Et la captation de près de la moitié des investissements médias par les canaux numériques, ce qui représente là encore une progression de 23 %).
Pour toutes ces raisons, et même si l'ANJ a estimé que "tous les opérateurs [avaient] globalement respecté les lignes directrices et recommandations adoptées en 2022", les stratégies promotionnelles des opérateurs de jeux en ligne n'ont été validées qu'une fois assorties de "prescriptions détaillées et exigeantes". Le plus souvent, il s'agira d'organiser un suivi ainsi qu'un contrôle tout au long de l'année des différents leviers activés par les acteurs concernés.
À ce tableau d'ensemble s'ajoute une décision de rejet que les médias généralistes ne manqueront pas de relever. Celle-ci concerne la Française des Jeux, mais uniquement pour son activité en monopole. D'ailleurs, l'ANJ précise bien que "le cadre juridique exigeant qui s'applique aux monopoles en raison de leur statut spécifique implique que leur politique promotionnelle demeure mesurée et limitée". Autrement dit, la FDJ est en raison de sa nature même soumise à un contrôle plus exigeant : sa politique promotionnelle "doit avant tout consister à informer leurs clients potentiels de l'existence de leur offre et non à stimuler activement ces derniers et encourager la pratique du jeu".
Dans le cas présent, la FDJ aurait pêché principalement sur trois terrains :
- un nombre trop important de campagnes promotionnelles d'envergure prévues ;
- une stratégie offensive de promotion de son offre de loteries ;
- et une part significative de la stratégie promotionnelle axée sur la "contribution sociétale du groupe".
L'entreprise sera donc amenée à revoir sa copie dans les toutes prochaines semaines. Elle dispose d'un délai réglementaire d'un mois pour déposer une nouvelle demande d'approbation de sa stratégie promotionnelle. Selon toute vraisemblance, cette deuxième proposition établie en coordination avec l'ANJ devrait être la bonne.
Auditionnée mercredi durant plus d'une heure devant la Commission des Finances du Sénat, la présidente de l'Autorité Nationale des Jeux (ANJ) a notamment appelé de ses vœux un élargissement des pouvoirs du régulateur. Tout en distillant quelques informations et chiffres intéressants, aussi bien sur l'état de santé du secteur que sur son avenir.
[...] Lire la suite…
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