Même si vous n'êtes pas un féru de golf, quelques noms de champions vous viennent forcément à l'esprit : Tiger Woods bien sûr, mais aussi Rory McIlroy ou Phil Mickelson. S'agissant de ce dernier, on vous fera grâce de son palmarès mais sachez qu'il aurait accumulé 375 millions de dollars de gains durant sa carrière, dont plus des trois quarts grâce à ses contrats publicitaires avec Rolex ou Exxon Mobil.
Mais sur les greens comme en dehors, l'Américain a aussi beaucoup fait parler de lui par son goût immodéré des paris. Il y a quatre ans, le site Golf.com publiait même un florilège des meilleures histoires de jeux d'argent le concernant. L'une d'elles remontait par exemple au Nissan Open 1998, avec un gros pari remporté face à nul autre que Tiger Woods. Selon la légende, Mickelson aurait alors recouvert les murs de son vestiaire de photocopies des billets de 100 $ versés par son adversaire. Avec en prime une petite note adressée à son attention par l'intermédiaire d'un journaliste de ESPN : "Je voulais juste que tu saches que Benji et ses amis sont très heureux dans leur nouvelle maison".
Mais si les paris de Mickelson ont parfois été couronnés de succès — comme en 2001 lorsqu'il a prédit la victoire des Ravens lors du Super Bowl pour une cote de 22 et un gain de 440 000 $ — il semblerait qu'il ne s'agisse que de la partie émergée de l'iceberg. Dans un livre à paraître intitulé Phil: The Rip-Roaring (and Unauthorized!) Biography of Golf's Most Colorful Superstar, le journaliste spécialisé Alan Shipnuck n'hésite pas à avancer le chiffre de 40 millions de dollars de pertes pour les seules années comprises entre 2010 et 2014.
Pourquoi se limiter à cette seule période ? Tout simplement parce qu'elle correspond à un travail d'enquête réalisé à l'époque dans une affaire mettant en scène Billy Walters, un autre parieur. En 2016, la Securities and Exchange Commission a en effet établi que Mickelson avait empoché près d'un million de dollars en bénéficiant d'un délit d'initié dont s'était rendu coupable Walters. Ce dernier a écopé de cinq ans de prison et dix millions de dollars d'amende, mais le golfeur — qui avait ultérieurement utilisé son gain pour éponger une dette de jeu auprès du fraudeur — s'en est sorti à bon compte en se voyant simplement intimé de rembourser la somme.
Aujourd'hui, Alan Shipnuck s'appuie donc sur une source ayant bénéficié d'un accès direct aux documents de cette enquête pour dégainer ce chiffrage de 40 millions de dollars de pertes en l'espace de quatre ans. Un montant significatif, même mis en relation avec les revenus du champion à l'époque comme le souligne cet article : "Dans ses meilleures années, son revenu global était estimé à un peu plus de 40 millions. C'est énorme bien sûr, mais quand vous y soustrayez les taxes il ne reste plus qu'un peu moins de 20 millions. Reste encore à assumer les coûts de son avion privé, de ses manoirs, de son agent, de son caddie, de ses pilotes, chefs, entraîneurs etc. Et si vous ajoutez à l'ardoise des dépenses incongrues comme un crâne de T-Rex pour son anniversaire, il ne doit plus rester que 10 millions. Alors 40 millions de pertes en quatre ans, c'est quand même quelque chose".
Bien entendu, Phil Mickelson n'aurait pas subitement mis un terme à ces pratiques après 2014. D'autres documents de justice, de notoriété publique cette fois, ont établi qu'il avait remboursé une autre dette de jeu de 1,9 million de dollars à un confrère parieur de Las Vegas en 2017. Jusqu'à cette semaine, c'était le seul chiffre que les médias américains avaient jamais eu à se mettre sous la dent.