Avec un total de 995 millions d'euros de mises générées au troisième trimestre, les opérateurs de paris sportifs flirtent avec le record de 1 002 millions d'euros du trimestre précédent. Ce chiffre est d'autant plus impressionnant qu'il représente un bond de 81 % sur un an : c'est tout simplement le taux de croissance le plus élevé constaté depuis l'ouverture du marché en 2010.
Même en retranchant les 164 millions d'euros engagés à l'occasion de la phase finale de la Coupe du Monde de football, la croissance du secteur atteindrait tout de même 51 %, soit un rythme plus rapide que lors du premier semestre. Il faut dire, comme le souligne l'ARJEL, que certains clients recrutés lors du Mondial "ont manifestement continué à jouer après la finale de la compétition". En témoigne cette moyenne hebdomadaire de 553 000 joueurs actifs (+84 %), avec un pic à 922 000 unités dans la dernière ligne droite du Mondial.
Sur le papier, la Coupe du Monde a donc affolé les compteurs à tout point de vue. Sa finale, en particulier, a explosé le précédent record de l'événement le plus misé en France : 38,5 millions d'euros, contre 12,7 millions "seulement" pour la finale de l'Euro en 2016. Mais ces chiffres impressionnants dissimulent un paradoxe : le Produit Brut des Jeux (PBJ) des opérateurs, de l'ordre de 149 millions d'euros sur la période (+40 %), a été impacté à la baisse par les résultats de la compétition et notamment des Bleus (-26 millions d'euros).
"Si l'équipe de France n'avait pas remporté la finale à l'issue du temps réglementaire", écrit l'ARJEL, "le PBJ du trimestre aurait pu être jusqu'à 70 millions d'euros supérieur à celui enregistré". Et il ne s'agit pas du seul impact négatif de la liesse nationale sur la situation des opérateurs : "En plus de la justesse des pronostics des parieurs, le relèvement du niveau moyen des cotes ainsi que l'augmentation sensible des bonus ont impacté le Taux de Retour aux Joueurs (TRJ) dans de fortes proportions". Ce TRJ augmente de 4,5 points à hauteur de 86,9 %. Or la réglementation fixe en la matière un cap de 85 % à ne pas dépasser, ce qui amène l'ARJEL à évoquer une probable saisie de la commission des sanctions début 2019.
Dernier point intéressant : les prélèvements obligatoires versés par les opérateurs s'élèvent sur le trimestre à 92,5 millions d'euros, soit une hausse de 81 % dans la droite ligne de celle des mises. C'est en effet l'une des incongruités du secteur : les prélèvements sont assis sur le montant des sommes engagées par les parieurs, et non sur le PBJ. Sur la période, l'asymétrie entre la progression des mises et du PBJ renforce alourdit donc le poids de la fiscalité. "Alors que les prélèvements comptaient pour 48 % du PBJ l'an dernier", commente l'ARJEL, "ils en représentent aujourd'hui 65 %".