
Il y a un an presque jour pour jour, l'industrie des paris sportifs pénétrait un long tunnel de morosité : suspension de la plupart des compétitions sportives, dont les grands championnats de football, puis report à l'année suivante (dans le meilleur des cas) de grands événements tels que l'Euro ou les JO. Peut-être vous en souvenez-vous comme l'époque où vous pariez assidûment sur le championnat biélorusse.
Et pourtant, douze mois plus tard, les chiffres de l'ANJ confirment que les bookmakers opérant dans l'Hexagone ont réussi à faire perdurer un certain niveau de croissance. Ou pour dire les choses autrement, à enregistrer des résultats en hausse par rapport à l'exercice 2019 : 5,4 milliards d'euros de mises (le montant le plus élevé depuis l'ouverture en 2010), plus d'un million de comptes joueurs actifs supplémentaires et un chiffre d'affaires annuel de 940 millions d'euros, ce qui représente une augmentation de 7 % par rapport à 2019.
Bien entendu, cette progression reste sans commune mesure avec celle de 37 % par an constatée de 2015 à 2019. Surtout, cette réalité d'ensemble cache des dynamiques très différentes d'un trimestre à l'autre :
- un repli des mises de 30 % au premier semestre, et de près de 60 % sur le seul deuxième trimestre, au plus fort du tarissement de l'offre de jeu ;
- un redressement spectaculaire au troisième trimestre, avec des mises en hausse de 49 % à 1,6 milliard d'euros ;
- et enfin un nouveau record au quatrième trimestre avec plus de 2 milliards d'euros de mises (+34 %).
Lors de ce quatrième trimestre, le Produit Brut des Jeux (PBJ) des opérateurs a même bondi de 55 %. Comment expliquer cet écart entre la croissance des mises et du PBJ ? Le régulateur détient la réponse : "Les résultats sportifs ont été favorables aux opérateurs de paris sportifs sur la fin du trimestre, ce qui a tiré leur chiffre d'affaires à la hausse. Il atteint 356 millions d'euros au quatrième trimestre 2020, montant le plus important enregistré sur un trimestre, et représente 38 % du résultat de l'année".
Autre information intéressante : la réforme de la fiscalité des paris sportifs (avec un modèle de taxation sur le PBJ plutôt que les mises), entrée en vigueur au 1er janvier 2020, a comme prévu bénéficié aux opérateurs. Ainsi, malgré la progression de leur activité, ils se sont sont acquittés de prélèvements en repli de 2 % à 458 millions d'euros.
Grands événements sportifs : des perdants... et des gagnants
Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Privés d'Euro et de JO, les parieurs se sont reportés sur d'autres grands rendez-vous. Déplacé au quatrième trimestre, le tournoi de tennis de Roland-Garros en constitue un bon exemple avec un record de 107 millions d'euros de mises. Même topo pour la Ligue des Champions de football avec un final 8 qui a généré 139 millions d'euros de mises, dont plus de 31 millions pour la finale. À ce jour, seule la finale de la Coupe du Monde 2018 a fait mieux.