C'est l'épilogue d'un long feuilleton dont le dernier rebondissement remontait à décembre 2015. À l'époque, Betclic Everest Group obtenait auprès de l'Autorité de la concurrence une injonction à l'encontre de PMU : le leader du marché des paris hippiques était contraint d'opérer une distinction entre ses liquidités live et online.
Jusqu'alors, la confusion entretenue entre les deux réseaux lui offrait plusieurs avantages : mettre à profit sa liquidité live dix fois supérieure pour accepter de grosses mises en ligne sans engendrer de chute de cotes, diversifier son offre avec des paris complexes comme le Quinté+... Faute de pouvoir s'aligner, ses concurrents subissait en quelque sorte une prolongation en ligne du monopole en dur.
Après avoir obtenu gain de cause devant l'Autorité de la concurrence, les dirigeants de Betclic auraient pu en rester là et espérer un léger rééquilibrage du marché. Ils ont finalement préféré aller au bout de leur démarche en engageant une procédure en réparation devant la justice civile. Autrement dit, en demandant 172,2 millions d'euros au titre de l'indemnisation du préjudice subi. Et la cour d'appel de Paris leur a donné raison dans une décision datée du 12 septembre 2018, et merveilleusement analysée et commentée par deux avocats pour le site L'Explicite.
Dans ce jugement, la cour d'appel choisit de s'en remettre à une mesure d'expertise ultérieure pour évaluer le montant exact du préjudice subi par Betclic. Elle en établit toutefois le périmètre en y incluant le manque à gagner passé et futur, "c'est-à-dire la différence entre les profits réellement générés par l'entreprise et les profits qu'elle aurait générés en l'absence d'abus de position dominante", mais aussi d'autres chefs de préjudices comme un préjudice de réputation. En 2015, Betclic ne détenait pour rappel qu'une part de marché anecdotique de 1,46 %.
À la lumière de cette décision, d'autres acteurs comme Zeturf, Unibet, France Pari ou JOA Online s'engouffreront-ils à leur tour dans la brèche en demandant réparation devant la justice ? Une chose est sûre : en 2010, le législateur n'avait pas correctement anticipé cette problématique des "pratiques anticoncurrentielles liées à la coexistence d'activités sous monopole et concurrentielles au sein d'opérateurs historiques". Une situation qui a directement profité à PMU jusqu'en 2015, et sans doute indirectement ensuite.
Conséquence d'une procédure initiée par Betclic Everest Group, l'Autorité de la concurrence a enjoint PMU d'opérer une distinction entre ses liquidités live et online. Une exigence à laquelle l'opérateur se conforme à partir d'aujourd'hui, et qui devrait se traduire par une différenciation des cotes proposées dans un certain nombre de paris hippiques.
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(crédit photo : Le Figaro)
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