mardi 2 août 2016 à 14:11

Un bookmaker peut-il librement limiter les mises de ses plus gros gagnants ? La pratique est courante et les parieurs l'ont accepté bon an mal an. Mais quand la limitation intervient en plein milieu d'une grosse promotion, et entraîne par voie de conséquence un manque à gagner significatif, la question de l'équité du challenge concerné se pose.

Astérix et la maison qui rend fou

Ce n'est pas une légende urbaine : les parieurs les plus clairvoyants finissent bien souvent par se voir imposer une limitation de leurs mises. On peut gloser, ergoter, bouder souvent, fulminer parfois... Rien n'y fera : tous les opérateurs du marché français ont recours à ce procédé. Certains plus que d'autres, sans doute, mais la pratique est en tout cas universellement appliquée et acceptée par les parieurs expérimentés.

 

Alors si le litige qui oppose Pierre à Unibet fait tant parler sur Club Poker depuis plus d'un mois, c'est qu'il ne s'agit pas tout à fait d'une banale affaire de limitation de mise. C'est oryn64, membre bien connu du CP et plus globalement de la communauté poker, qui a le premier jeté un pavé dans la mare en relayant les mésaventures de son ami :

Extraits du message publié sur Club Poker

Au début de l'euro, Unibet a lancé une promotion avec 100 000 € à se partager : le Boss du Terrain. Le concept était simple : on marquait un point par euro misé dans le cas d'un pari perdant, et un point par euro collecté (mise + gains) dans le cas d'un pari gagnant. Le tout avec doublement des points pour tous les paris dont l'intitulé comprenait la mention Combo.

Pierre a donc tenté l'aventure en misant en moyenne entre 1 000 et 3 000 € par match. Les points se sont vite accumulés. Pierre était à peu près à jeu lorsqu'il a rentré un beau combo, ainsi que quelques paris simples, pour prendre la seconde place du classement. Le premier bénéficiant d'une belle avance, il a alors décidé de viser cette seconde place et a donc continué à miser en fonction. C'est à cette période qu'est intervenue la limitation des mises, Pierre n'ayant désormais plus la possibilité d'engager plus de 20 euros par match.

La suite, c'est une série d'échanges infructueux entre le joueur et l'opérateur. Unibet invoque d'abord une limitation non pas personnelle mais globale : "Sachez qu'avant chaque match, nos traders décident du montant maximum du total des mises sur une sélection. Lorsque ce montant est atteint, nous limitons en effet les mises de l'ensemble de nos joueurs pour pouvoir avoir assez de liquidités pour payer les joueurs".

 

Facilement placé face à ses contradictions (un ami de Pierre parvenant à miser de plus grosses sommes sur les mêmes événements), le bookmaker est très vite contraint de proposer une nouvelle explication : la possibilité qui lui est offerte par ses Termes et Conditions d'appliquer des limites de jeu plus strictes que celles fixées par le parieur "pour des raisons de jeu responsable".

 

Cet argument peut s'entendre puisque, comme expliqué auparavant, la pratique est courante et le régulateur n'y a jamais rien trouvé à redire. Seul problème dans le cas présent : le timing de la limitation de mise, qui intervient en pleine promotion et se traduit donc par un manque à gagner significatif pour Pierre. Solidement ancré à la seconde place du challenge au moment des faits, le jeune homme rétrograde par la suite et voit s'envoler le chèque de 5 000 euros qui lui tendait les bras.

Tintin et le serpent qui se mord la queue

À ce stade, on peut bien sûr s'interroger à propos de l'opportunité d'organiser un challenge reposant sur le volume des paris, mais dont les meilleurs participants se voient au bout de quelques jours privés de toute chance de victoire par un plafonnement de leurs mises. Les lecteurs du topic dédié, en tout cas, ne se sont pas privés de se poser à voix haute la question de l'équité dudit challenge.

 

Pour autant, leur mobilisation s'est jusqu'alors avérée vaine. Le service client d'Unibet a certes pris la plume trois jours seulement après la publication du message d' oryn64, promettant qu'une réponse serait "apportée prochainement". Oui mais voilà, plus d'un mois plus tard le dossier n'a pas avancé d'un iota et l'hypothèse d'une compensation financière du principal intéressé semble au point mort. Pire, les tentatives de dialogue initiées par le joueur sont bringuebalées d'un interlocuteur à l'autre : le support Unibet sur Club Poker renvoie la balle au gestionnaire de la page Facebook de l'opérateur, qui lui même conseille de s'adresser au service client téléphonique... déjà contacté à maintes reprises avant l'ouverture du thread sur Club Poker. Ou quand le serpent se mord (sciemment ?) la queue...

Vos commentaires sur cette news dans le forum :
Limitation de mises et équité des challenges : Unibet critiqué
Cette news a suscité 5 commentaires :
News

On continue notre tour d'horizon des opérations promotionnelles organisées par les bookmakers à l'occasion de l'Euro. Cette fois, c'est Unibet qui s'y colle en mettant en jeu d'ici au 10 juillet un total de 50 000 € cash et 50 000 € de paris gratuits. Les paris sur les autres matchs de football, dont ceux de la Copa America, sont également concernés.

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Un bookmaker peut-il librement limiter les mises de ses plus gros gagnants ? La pratique est courante et les parieurs l'ont accepté bon an mal an. Mais quand la limitation intervient en plein milieu d'une grosse promotion, et entraîne par voie de conséquence un manque à gagner significatif, la question de l'équité du challenge concerné se pose.

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mercredi 13 mars 2024 à 13:30
Télex

Dans un questionnaire soumis à ses parieurs par email, Parions Sport leur propose d'"aider à choisir les prochains ambassadeurs" de la marque. L'enquête mentionne des noms qui figurent déjà parmi les partenaires du bookmaker, comme Smail Bouabdellah et Mary Patrux, mais aussi d'autres personnalités issues des mondes du sport ou de la télévision : Grégoire Margotton, Redouane Bougheraba, Omar Da Fonseca, Tony Parker et Ciryl Gane.

mardi 16 janvier 2024 à 9:42
Liste des supports de paris autorisés : la petite révolution de l'ANJ

Vous en avez l'habitude : plusieurs fois par an, l'Autorité Nationale des Jeux (ANJ) procède à quelques ajouts à la marge sur sa liste des supports de paris autorisés. En comparaison de ces petits amendements rituels, c'est à un grand chambardement que vous devez vous attendre le 1er mars prochain : le régulateur annonce une réforme en profondeur de cette liste.

mercredi 10 janvier 2024 à 9:56
Stratégies promotionnelles des opérateurs : l'ANJ serre la vis sur le sujet des gratifications financières

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Télex

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vendredi 29 septembre 2023 à 14:17
Rapport semestriel de l'ANJ : les paris sportifs toujours au beau fixe

Au premier semestre 2023, les opérateurs de paris sportifs agréés par l'ANJ ont enregistré des mises en hausse de 5 % et un PBJ en progression de 10 %. Un différentiel qui s'explique par "un Taux de Retour Joueur davantage favorable aux opérateurs que lors du semestre de l'année précédente". Sur la période, le TRJ a en effet plafonné à 80 %.

jeudi 7 septembre 2023 à 8:51
Télex

Loin du foot, du tennis et du basket avec ses 176 millions d'euros de mises engagées en 2022, le rugby devrait connaître un exercice 2023 plus faste à la faveur de la Coupe du Monde. Selon une enquête Toluna-Harris commandée par l'ANJ, 47 % des Français ont l'intention de suivre la compétition et 13 % envisagent de parier de l'argent lors des matchs.

jeudi 27 avril 2023 à 13:24
L'ANJ sanctionne mollement les défauts de respect du TRJ

Sur le papier, le Taux de Retour Joueur (TRJ) fait partie des principaux outils établis par le législateur pour prévenir le jeu excessif ou pathologique, mais aussi lutter contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Dans les faits, plusieurs opérateurs peinent pourtant à redistribuer aux joueurs moins de 85 % des mises qu'ils ont engagées auprès d'eux. Une situation face à laquelle l'ANJ hésite encore à sévir.

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La Fédération Française de Tennis (FFT) a obtenu gain de cause auprès de l'Autorité Nationale des Jeux (ANJ) : dans une décision datée du 20 avril, le régulateur ajoute à sa liste des supports de paris autorisés les tableaux des doubles dames et doubles messieurs des tournois de tennis du Grand Chelem. Joli timing à quelques semaines à peine de Roland Garros !

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"Le contribuable qui s'adonne de manière occasionnelle aux paris sportifs ne doit pas s'inquiéter des répercussions fiscales de ses mises gagnantes et peut disposer librement des liquidités en sa possession", rappellent Fanny Fabrega Digby-Smith et Thomas Aguer dans une tribune publiée sur Le Revenu. La jurisprudence récente le confirme : "La pratique, même habituelle, de tels paris ne constitue pas une occupation lucrative ou une source de profit, en raison de l'aléa qui pèse sur les perspectives de gains du joueur".