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Erreurs de cotes : la justice penche en faveur du parieur

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Dans un article publié ce 11 octobre et intitulé Du rififi dans les paris sportifs en ligne, Le Monde exhume une décision du Tribunal de grande instance de Paris en date du 25 avril. Le juge y condamne la Française des Jeux à verser près de 19 000 euros à un fidèle client de Parions Web. La somme en question couvre des gains obtenus en mettant à profit des erreurs de cotes.

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Excellent !

 

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D'une manière plus générale, les enseignements de cette décision de justice sont simples : la constitution d'un contrat de pari entre un joueur et un opérateur est un engagement ferme et définitif, lequel ne saurait être remis en cause par une erreur imputable au bookmaker.

Je trouve que c'est une excellente chose -_-

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Du rififi dans les paris sportifs en ligne
Par Yann Bouchez
Mis à jour le 11 octobre 2017 à 12h52

Les opérateurs sont confrontés à des personnes prêtes à traquer les moindres failles du système pour gagner, en toute légalité, de fortes sommes d’argent.
C’est une décision de justice qui n’a eu aucun écho au-delà des portes de la 5e chambre du tribunal de grande instance de Paris, une sorte de gros lot attribué en catimini. Le 25 avril, la Française des jeux (FDJ) a été condamnée à verser 18 918 euros à Paul K., un chef d’entreprise de la région parisienne désireux de rester anonyme. Ce dernier avait pourtant de quoi fanfaronner : sa victoire contre l’opérateur de paris est de celles qui font date.

Se qualifiant lui-même de « parieur assidu », Paul K. a joué des centaines de fois, entre mai 2011 et février 2014, sur Parions Web, une plate-forme Internet de la FDJ. Au cours de la seule année 2014, il a misé un peu plus de 375 000 euros sur différents sites.

Ses soucis ont commencé lorsque la FDJ a refusé de lui payer certains paris gagnants, 57 au total. Ses appels téléphoniques et ses courriers recommandés n’y changeant rien, il a porté l’affaire devant la justice en février 2015.

« SI UN PARIEUR PREND TROP D’ARGENT, VU QU’IL SERAIT ILLÉGAL DE LE VIRER, ON VA PAR EXEMPLE LIMITER SES MISES À 1 EURO. C’EST UN MONDE DE FAUX-CULS ! » 
BENOÎT TRÉANTON, JOUEUR ASSIDU
Pour justifier son refus de lui régler une grande partie de ses gains, la FDJ met alors en avant des « erreurs manifestes » de cotes, ces chiffres qui quantifient la probabilité d’un résultat sportif. Autrement dit, la société s’est trompée dans la fixation des cotes, ce dont le joueur a su profiter en misant gros de manière très ciblée.

La FDJ invoque comme argument de défense l’article 5.7 de son règlement : « En cas d’erreur manifeste portant sur tout ou partie des éléments constitutifs de l’offre de pari proposée aux joueurs au titre d’une manifestation sportive, [elle] se réserve le droit d’annuler tout ou partie des paris, pronostics ou prises de jeux concernés. » Plutôt qu’un « parieur assidu », l’opérateur décrit Paul K. comme un « chasseur d’erreurs », dont il souligne la « mauvaise foi ».

Deux ans plus tard, les juges ont rendu un avis contraire. Pour eux, pas de doute : c’est l’opérateur qui est fautif. Les erreurs de cotes, est-il écrit dans le jugement du 25 avril, sont « entièrement imputables à des insuffisances de son organisation interne ».

Contacté par Le Monde, Me Régis Carral, l’avocat de la FDJ, n’a pas souhaité répondre à ses sollicitations. Quant à la société, qui a renoncé à faire appel, elle s’est empressée de modifier son article 5.7 et se réserve désormais le « droit d’annuler tout ou partie des paris (…) en cas de fraude ou de soupçon de fraude », et non plus en cas d’« erreur manifeste » de cote.

A l’affût pour miser gros

Cette bataille opérateur-parieur n’est pas la première du genre. En 2013, un habitant de Carcassonne, Bruno Gil, avait remporté 18 900 euros en misant gros sur un match de football de deuxième division italienne mal coté. Il a dû attendre deux ans et un jugement en appel avant que la FDJ ne soit condamnée à le payer.

Un autre parieur, salarié dans le secteur de la banque-assurance et connu sous le pseudonyme de « Jilow », espère, lui aussi, gagner prochainement son procès en appel, afin de pouvoir percevoir les 37 500 euros qu’il réclame après avoir misé sur un match de rugby italien.

De tels conflits se finissent rarement au tribunal. Peu nombreux sont les parieurs à oser défier la FDJ ou ses concurrents (Winamax, Unibet, Bwin…). Certains tentent de négocier un accord à l’amiable, et l’obtiennent parfois. De guerre lasse, beaucoup se résignent.

L’enjeu, d’un côté comme de l’autre, est important. Les paris sportifs, notamment en ligne, ne se sont jamais aussi bien portés en France. A l’échelle nationale, le nombre de parieurs est estimé à 2 millions de personnes. En 2016, selon un rapport de l’Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel), les mises sur Internet, dopées par l’Euro de football et les Jeux olympiques de Rio, ont bondi de 45 %, s’établissant à 2,081 milliards d’euros.

 Lire aussi : L’envolée des paris sportifs en ligne
Dans cet immense business, quelques joueurs détonnent. Fous de mathématiques et de sport, ils peuvent passer des journées et des nuits entières rivés sur leurs écrans, jonglant d’une compétition à l’autre, surveillant les fluctuations des cotes.

Dans le camp des opérateurs, la responsabilité d’établir ces cotes – donc d’évaluer aussi vite que possible la probabilité de tel ou tel résultat – revient à un « trader », également appelé « coteur ». Qu’il fasse une erreur d’appréciation, qu’il tarde à faire évoluer la cote alors que le résultat du match vient de changer, et le parieur à l’affût saute sur l’occasion pour miser gros.

« Pour parier, j’ai deux ordis et une tablette devant moi », témoigne Benoît Tréanton. Cet ancien prof de 38 ans, qui fut un temps salarié d’un opérateur de paris en ligne, affirme miser jusqu’à « plusieurs millions » d’euros par an.

Pour lui, chaque matinée commence par le même rituel : allumer la télévision, se brancher sur L’Equipe TV, analyser les résultats des matchs de basket ou de football américain tombés dans la nuit, « comme un trader de la finance qui surveillerait le marché japonais. » Il navigue ensuite entre les sites d’informations sportives et les comparateurs de cotes. « Un gros travail de recherche », d’après lui. Puis il établit ses propres cotes, avant de les comparer avec celles des opérateurs et de traquer les failles. « Sur la masse de tous les paris, il y en a forcément où il y a des choses à faire que ne verra pas un non-initié », confie-t-il.

La martingale des sports de niche

Derrière la moindre rencontre sportive, surtout la plus anodine, peut se cacher une bonne affaire. Ainsi ce match de Ligue 2 entre Amiens et Clermont, le 31 mars, qui a priori semblait n’intéresser que les supporteurs des deux clubs.

Alors que les Picards sont menés, après un but de Clermont à un quart d’heure de la fin de la rencontre, un groupe de parieurs flaire le filon : sur le site du PMU, le score a été actualisé, mais les cotes sont restées identiques. Cinq minutes avant le terme de la rencontre, ils multiplient donc les mises sur la victoire clermontoise. « A quatre, on a pris 10 000 euros », se rappelle l’un d’eux.

En dehors du football, beaucoup n’hésitent pas à « aller taper », comme ils disent, dans les « sports de niche », moins prisés des parieurs, tels que le ski de fond ou le biathlon. « Il y a peu de mises là-dessus, et l’opérateur ne se sent pas en danger. Il ne met pas le plus gros de ses efforts sur ces petits sports », explique Benoît Tréanton.

Lui se souvient avoir gagné plusieurs milliers d’euros grâce à la victoire des Bahamas au relais du 4 × 400 m aux JO de Londres, en 2012. « Les algorithmes sont moins efficaces quand il s’agit de disciplines impliquant des temps chronométrés, comme l’athlétisme ou la Formule 1 », poursuit-il. Revers de la médaille, selon lui : « Vous êtes repéré et limité encore plus vite. »

Car face aux clients qu’ils jugent trop malins, les opérateurs tentent de trouver la parade. « L’annulation pour erreur de cote ayant officiellement disparu, la limitation des mises apparaît comme une autre technique pour empêcher les gros joueurs de gagner de l’argent », résume Me Matthieu Escande, avocat spécialisé dans le droit du jeu.

Benoît Tréanton, fort de son expérience chez un opérateur de paris, confirme qu’un gros joueur a tôt fait d’être « noté en rouge » : « S’il prend trop d’argent, vu qu’il serait illégal de le virer, on va par exemple limiter ses mises à 1 euro. C’est un monde de faux-culs ! » « C’est du refus de vente déguisé, abonde Me Escande, représentant de l’Association de défense des joueurs et des parieurs. Afin ne pas commettre l’acte de refus de vente, les opérateurs vous donnent une somme dérisoire. »

« VIP » contre « hot customers »

Bien connue des initiés, la technique de limitation du « bet factor » – littéralement, le « facteur de pari », soit la somme maximale qu’un joueur est autorisé à miser – permet de maîtriser certains parieurs.

« Nous profilons les clients en fonction de leur rentabilité, admet crûment un trader chez un opérateur important, soucieux de garder l’anonymat. Un bon client, c’est un client sur lequel nous margeons à 20 % [l’opérateur récupère 20 % des mises engagées par le joueur]. Sur un très bon client, c’est 25 %. Ceux-là, nous les appelons même les VIP. »

Ces « VIP » ont le droit de participer à des soirées promotionnelles, et se font parfois inviter à des rencontres sportives. « A contrario, les clients qui margent à moins de 10 % ou sur lesquels nous perdons de l’argent sont désignés comme des “hot customers”, poursuit ce même trader. Ils sont “flagués”. »

Les joueurs « flagués » – de l’anglais flag, « drapeau » – ne peuvent miser que des sommes infimes. « Aujourd’hui, chez Bwin, je suis limité à 2 euros à chaque fois, quelle que soit la compétition », détaille un parieur très régulier. Comme beaucoup d’autres, il a donc ouvert des comptes aux noms de membres de sa famille ou d’amis.

Ces artifices ne durent qu’un temps, car les comptes récents finissent souvent par être bloqués. « Un bon opérateur va savoir accepter ou ne pas accepter des parieurs, et mettre des limites », explique Grégoire Dufay, directeur marketing de Betclic, sans plus de précision. Winamax, également sollicité, n’a pas souhaité répondre à nos questions.

Combien sont-ils, ces « hot customers » prêts à sacrifier leurs week-ends devant leurs écrans, à l’affût du match susceptible de rapporter gros grâce à une cote mal fixée ? « Environ 200, 300 » en France, estime un trader, en l’absence de chiffres officiels. Certains multipliant les identités d’emprunt, ils pourraient être encore moins nombreux. Mais c’est déjà trop pour les opérateurs, taxés en partie sur les sommes misées par les parieurs.

« En termes de risques, c’est certainement une question à plusieurs centaines de millions d’euros, résume un trader anonyme. Parce que ces joueurs pèsent 400 fois plus lourd qu’un client qui vient jouer de temps en temps. » D’où l’inquiétude actuelle de ce milieu, devenu très concurrentiel après l’ouverture du marché en 2010.

Un médiateur pour « aplanir les tensions »

Ironie de l’histoire, une bonne partie des gros parieurs n’ont rien de joueurs lambdas comme Paul K., mais sont des traders salariés… des opérateurs. Chargés de rectifier les erreurs de probabilité à longueur de journée, ils ont le droit de parier, tant qu’ils ne misent pas chez leur propre employeur. Souvent passionnés de chiffres et de sport, ils se privent rarement de le faire. L’occasion est trop belle de faire fructifier leurs connaissances.

« Quand ma hiérarchie a su ce que je faisais, ils ont été ravis, témoigne un coteur. Car en jouant beaucoup, je coûte aussi de l’argent, avec mes mises, aux autres opérateurs, qui sont taxés dessus. » Un phénomène bien connu des professionnels, selon l’avocat Matthieu Escande.

 Lire aussi : L’Etat vole au secours du poker en ligne
Pour aplanir les tensions entre parieurs et opérateurs, le patron de l’Arjel, Charles Coppolani, évoque la création, d’ici à la fin de l’année, d’un poste de médiateur, qui « pourra, de façon indépendante, être saisi par les joueurs en difficulté ».

Il n’est pas sûr que cette nouveauté, rendue possible par la loi pour une République numérique du 7 octobre 2016, permette de résoudre ces conflits. Me Escande est pour sa part persuadé que les opérateurs, jamais à court d’idées, trouveront d’autres astuces pour contrer les « hot customers ».

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