
Les premiers chiffres communiqués en décembre avaient donné le ton. L'ANJ enfonce le clou aujourd'hui avec une nouvelle série de données qui confirment que le Mondial qatari a pulvérisé plusieurs records en matière de paris sportifs :
- 597 millions d'euros de mises en ligne, soit une progression de 56 % par rapport au Mondial 2018 et de 37 % par rapport à l'Euro 2021 (qui comportait moins de matchs) ;
- un total de mises qui pourrait dépasser les 900 millions d'euros une fois que le total des mises en points de vente sera connu ;
- 70 millions d'euros de Produit Brut des Jeux (PBJ) ;
- 51 millions d'euros de mises sur la seule finale entre la France et l'Argentine, qui devient de facto la rencontre la plus misée de l'histoire devant la finale de 2018 entre la France et la Croatique (38 millions d'euros).
Le régulateur souligne néanmoins que ces performances s'inscrivent dans "un contexte plus global de ralentissement de la croissance du pari sportif en ligne". De fait, le marché n'enregistre plus de progression à deux chiffres (jusqu'à 44 % en 2021) mais se contente en 2022 d'une croissance du PBJ de 2,5 %. Une tendance qui laisse imaginer une phase de consolidation sur un plateau élevé, même si l'ANJ ne se risque pas sur ce terrain des pronostics.
Dans la même veine, la Coupe du Monde a provoqué moins d'ouvertures de comptes qu'en 2018 (177 000 contre 232 000) et sa part dans le total des mises engagées durant l'année a également fléchi (7,2 % contre 10 %). Ce constat s'explique néanmoins très simplement : les parieurs ont tendance à se diversifier et à miser sur d'autres disciplines que le football, à commencer par le basket.
Quelques chiffres en vrac
- le montant moyen d'une mise durant la compétition était de 11 € ;
- 2,2 millions de joueurs uniques ont placé un pari durant le Mondial ;
- 70 % des comptes joueurs affichent un bilan négatif, 23 % un bilan positif et 6 % un bilan à l'équilibre. Seuls 1 % des parieurs ont gagné plus de dix fois leur mise.
Comme évoqué ces derniers jours, le régulateur se satisfait aussi d'avoir vu la pression publicitaire se résorber conformément aux recommandations et lignes directrices qu'elle avait adressées aux opérateurs. Ces derniers se seraient donc globalement bien tenus, même si "une opération de contrôle des quatre principaux opérateurs" permettra prochainement d'en juger de façon plus fine.
Surtout, l'ANJ entend aller plus loin dans sa démarche. "Des réponses devront être apportées" sur le terrain du recours aux influenceurs et au sponsoring d'émissions, comme l'avait du reste annoncé Isabelle Falque-Pierrotin aux sénateurs la semaine dernière. Le régulateur voit en effet dans ces deux leviers "particulièrement invasifs et populaires auprès des jeunes" des moyens pour les opérateurs de contourner les règles fixées en terme de publicité. Durant la Coupe du Monde, une centaine d'influenceurs auraient ainsi été mobilisés sur Instagram, YouTube et Twitter.
Isabelle Falque-Pierrotin, Présidente de l'ANJ
Le dispositif de régulation mis en place par l'ANJ à l'approche de la Coupe du Monde a permis, avec les outils dont elle disposait, de contenir la pression publicitaire et les opérateurs ont globalement joué le jeu. Néanmoins, cette pression reste forte et préoccupe le régulateur, dans un contexte où les dernières études de l'OFDT montrent une augmentation du jeu excessif. L'ANJ réfléchit donc à des mesures complémentaires qu'elle proposera dans les prochains mois aux pouvoirs publics, pour renforcer l'encadrement de la publicité pour les jeux d'argent.
En attendant les chiffres complets de l'ANJ, voici une interview intéressante du fondateur de Betclic Nicolas Béraud sur France Info. Quelques déclarations et chiffres en vrac :
-
"Les paris sportifs, c'est un sixième des jeux d'argent en France. Sur les cinq sixièmes qui restent, il n'y a pas les mêmes contrôles que l'on a sur les paris sportifs en ligne"
-
"La France est un des rares pays à ne pas avoir régulé les jeux de casinos en ligne et plusieurs études ont montré qu'il y a plus d'un million de joueurs qui jouent régulièrement sur ces sites sans aucun contrôle, sans taxe pour l'État."
-
"Sur la seule finale de Coupe du monde 2022 entre la France et l'Argentine, Betclic a comptabilisé "plus de 23 millions d'euros de mises", un "record battu" pour le site. Betclic représente selon lui "un tiers du marché français en matière de paris sportifs". Pendant la Coupe du monde, l'application téléphonique a été téléchargée "300 000 fois" et environ 3,5 millions de parieurs ont été comptabilisés."
Modifié par SuperCaddyPartager ce message
Lien à poster
Partager sur d’autres sites