
Les mises des paris sportifs en ligne ont augmenté de 44 % en un an et de 200 % en cinq ans. La phrase ne sort pas du dernier rapport de l'ANJ, mais bien de la bouche du sénateur PS Jean-Jacques Lozach dans les colonnes du Monde. Une déclaration parmi d'autres qui illustre que nos élus sont parfaitement conscients de la manne financière que représente désormais l'industrie des paris sportifs en ligne. A fortiori au beau milieu d'une Coupe du Monde de football dont l'ANJ estime qu'elle pourrait, à elle seule, générer plus de 600 millions d'euros de mises.
Alors évidemment, un tel gâteau suscite des convoitises et une question se pose pour nos parlementaires : quel est le destinataire le plus pertinent des fonds générés par cette activité en croissance constante depuis plusieurs années ? Pour beaucoup d'entre eux, la réponse tient en trois mots : l'Agence nationale du sport, et à travers elle le sport amateur avec "la construction et la rénovation énergétique des équipements sportifs".
En réalité, l'Agence nationale du sport est déjà la destinataire d'une partie de ces recettes. En 2023, trois taxes représenteront à hauteur de 166 millions d'euros près d'un tiers de ses ressources : le prélèvement sur les paris sportifs en ligne de la FDJ et des nouveaux opérateurs agréés, le prélèvement sur les jeux exploités par la FDJ hors paris sportifs et la taxe Buffet prélevée sur les droits de diffusion de compétitions sportives. Le reste émanera pour l'essentiel d'une dotation budgétaire de l'État estimée à 264 millions d'euros.
Oui mais voilà, ces 166 millions d'euros attribués à l'ANS ne constituent qu'une part minoritaire du gâteau. Une plus grosse part revient en effet au budget général de l'État avec 147,1 millions d'euros issus de la taxe sur les paris sportifs et 174,2 millions d'euros issus de la taxe sur les jeux. Les parlementaires ont donc tenté, dans le cadre des discussions sur le projet de loi de finances pour 2023, de rééquilibrer cette distribution au profit de l'ANS. L'initiative s'est pour l'instant soldée par un échec suite à l'hostilité manifestée par le gouvernement devant le Sénat, mais la conclusion de l'article du Monde laisse entendre que le sujet pourrait revenir sur le tapis dans un avenir proche. À suivre...